C’est une histoire tout bonnement rocambolesque et symbolique du monde de la télévision que nous avons récemment eut accès, celle duparcours pour le moment chaotique d’un concpet télévisé qui, après un certain nombre d’imbroglios éditoriaux, deviendra l’émission « Un soir à la tour Eiffel » présentée par Alessandra Sublet et actuellement diffusée sur France 2.
Pierre-Antoine Capton fait partie de ces producteurs de télévision heureux, modernes et qui ont le vent en poupe, non pas comme cette expression exhumée des tréfonds des années 70.
Au début de l’année 2014 tandis que le vaisseau amiral du service public de télévision était traversé par une sévère zone de turbulences médiamétriques, une rare case de son antenne maintenait un cap honorable, d’aucun diront même satisfaisant, celle de « La Parenthèse inattendue » animée à l’époque par le recordman du nombre de miles du PAF en l’occurrence Frédéric Lopez. Face à cette ineptie positive de son antenne, Thierry Thuillier, patron des programmes de France 2 s’est entiché à rechercher un nouveau format dans l’ADN de sa chaîne, à savoir hasardeux, brouillon et dont l’intérêt éditorial reste circonscrit aux mystères de la redevance audiovisuelle.
C’est alors que le bon coup fût flairé par le boss de Troisième Oeil Productions, celui-là même qui est déjà à l’origine du gustatif et fourre tout « C à vous » sur France 5 ou encore du calme, mesuré et bien peu clivant « Zemmour & Nauleau » sur Paris Première.
« C à vous » est un succès quand bien même le budget de production est à peine comparable aux frais de bouche d’un Guillaume Durand de la grande époque et que la survie alimentaire du programme n’est due qu’à la présence inopinée et salutaire d’une supérette Dia laquelle a considérablement allégée la note de la ripaille consommée chaque soir.
Fort de ces éléments, la production a su répondre favorablement aux recommandations de France 2 énoncées au printemps dernier, à savoir « une émission prestigieuse qui sache réunir la famille autour de thématiques fédératrices, concernantes, menées avec rigueur, le tout enrobé dans une ambiance détendue, grand public, enjouée et une présence équilibrée d’experts issus de la vie civile ainsi que de célébrités largement identifiées par le public » (!!) Bref, il s’agissait pour la 84637 ème fois du même grand écart éditorial que la chaîne a fait passer aux différents producteurs de la place de Paris.
Ni une, ni deux, le bouillonnant cerveau du nouveau maestro du PAF commençait déjà à orchestrer son nouveau projet. Aux dires de différents collaborateurs rencontrés dans le cadre de l’écriture de cet article, une première série de mots fût jetée à la volée sur un paperboard qui, dans ses rêves les plus fous, n’aurait pu songer à supporter les prémices d’un projet si étincelant…
En quelques instants, les ratures, les cercles, les liens, les mots clés se succédèrent dans une harmonie telle que l’audiovisuel n’en a pas spécialement l’habitude tant et si bien que trente six minutes plus tard, Victor, jeune stagiaire de son état pestait déjà contre cette maudite imprimante qui, avec difficulté, parvenait à lui cracher cinq exemplaires de ce qui était alors « Bienvenue à Ponteau Combo ». A la lecture de ces quelques feuillets, on sentait bien la patte Capton. Un entrepôt de street artistes, des performances live de graphe en fond de scène tandis que Jean Dormesson ou encore Eric Emmanuel Schmitt se pavanaient et dissertaient en plateau sous l’oeil complice et parfois médusé d’une Babeth de Rosière propulsée, dans l’idée, sous le feu des projecteurs de France 2 en signe de diversité.
La version 0 ne fit pas long feu et fut rapidement classée verticalement par l’état major de la chaîne. Il en aurait fallu bien plus pour décourager les équipes qui, ne prêtant pas attention au désintérêt profond du diffuseur, creusèrent leur sillon dans cette même veine. De la version 1 à la version 27, seul le découragement gagnait du terrain chez France 2 tandis que le jeune Victor venait quant à lui de faire certifier avec brio ses aptitudes quant à l’usage de l’imprimante.
Le coup du sort se produisit le 17 mars dernier, lorsque la volatile Alessandra Sublet de passage dans les locaux de 3e oeil se fit arrêter par un collaborateur, pas un de ceux de la glorieuse époque mais bien une petite main de la société de production. A peine était-elle rentrée et “jet laguée” d’un harassant tournage en Corse de “Fais-moi une place” (émission de voyageo-blablatage sur France 5) chez Guy Bedos que le directeur artistique réalisa en un instant qu’elle travaillait encore bel et bien pour eux, tandis que la rumeur s’était propagée dans les couloirs que son émission de voyage n’était qu’un habile alibi pour décompresser de ses années de quotidiennes gastronomiques.
Bref, exit Babeth, place à Alessandra dans la version numéro 28 de l’émission de France 2. Mais comme changer de tête à la présentation ne changeait pas radicalement le fond, l’équipe choisi à tout hasard de questionner Alessandra sur ses envies profondes vis à vis de cette émission. Ni une, ni deux, celle qui n’avait pas encore réalisée qu’elle venait d’être l’objet d’un coup à trois bandes entre France 5, France 2 et une seconde partie de soirée hebdomadaire répondit : “La Tour Eiffel, comme ça on se fera moins chier en tournage et je pourrais rentrer plus tôt cette fois-ci !”.
Clameur dans le bureau, la boucle était bouclée. Avec cette prodigieuse et non moins inattendue idée d’Alessandra Sublet, l’émission ne pouvait plus être refusée. La promesse était mise sur la forme, les moyens étaient mis dans le lieux et le décor, le fond était mis… de côté. Tout, vraiment tout dans “Un soir à la Tour Eiffel” était dans l’ADN de France 2 et bien mission de service public oblige, l’imbroglio devint le flop annoncé.