C’est dans le cadre très cosy d’un recoin de la rédaction de TF1 par un samedi après-midi de ce début de printemps 2014 que la machine de l’ombre de celle qui incarne (avec succès) les journaux du week-end de TF1 depuis presque 23 ans nous a donné rendez-vous pour une interview inédite et sans concessions.

POUVEZ-VOUS POUR CELLES ET CEUX DE NOS LECTEURS QUI NE VOUS CONNAISSENT PAS ENCORE VOUS PRESENTER ?

Facile, je suis le prompteur le plus observé de France chaque week-end. En gros, je suis la bouche de Claire Chazal cinq fois par semaine et ce devant des millions de téléspectateurs. Mes domaines de compétence vont de la politique, aux faits divers, en passant par la mode et parfois même le sport, même si après toutes ces années j’ai encore besoin de travailler mon bluff à ce niveau. Par ailleurs, je tiens à préciser que je détiens encore à ce jour le record du monde du nombre de mentions cumulées du nom de la journaliste Viviane Blassel à l’antenne en une seule saison à savoir 249 fois !

« Frustration permanente »

POURQUOI AVOIR CHOISI DE VOUS EXPRIMER POUR LA PREMIERE FOIS ?

Depuis trop longtemps mes mots, mes idées, mes phrases sont repris par d’autres, j’ai beaucoup perdu en identité depuis toutes ces années. Vous savez, quand Laurence Ferrari, Anne Sophie-Lapix, Julien Arnaud ou encore Thomas Hugues prennent la lumière à votre place et prennent pour eux tout votre savoir, c’est difficile à vivre. Et songez à une chose que trop peu imaginent jusqu’à aujourd’hui. Que pouvais-je bien raconter à ma femme et mes enfants à mon retour du travail, quelles nouvelles inédites pouvais-je leur apprendre ? Je vous le donne en mille, aucune ! Dès lors, il fallait que je m’exprime.

SOIT… ET COMMENT SE PASSE VOS RELATIONS AVEC CLAIRE CHAZAL CHAQUE SEMAINE ?

C’est là le secret de la longévité face à cette frustration permanente. La séparation de la semaine amène le manque et le manque amène l’envie de se retrouver chaque week-end, professionnellement parlant j’entends, et tout cela efface le reste. Cette relation, c’est avant tout une compréhension permanente et un apprentissage de tous les instants pour Claire. Je ne suis pas à dire que tout est rose dans le meilleur des mondes, parfois des bisbilles apparaissent, Claire peut être d’humeur maussade et me le fait savoir en savonnant allègrement à l’antenne ou en ne voulant pas lire avec exactitude ce que je lui écris. C’est ça aussi un couple, un peu d’amour vache. Après, je suis un peu mal à l’aise qu’elle le fasse en public, mais Claire est ainsi, une femme fière qui assume.

« C’est à moi qu’elle est fidèle depuis le plus longtemps »

QUE RETENNEZ VOUS DE CES ANNEES PASSEES AUPRES D’ELLE ?

Qu’elle comme moi, nous ne changeons pas ou si peu. Sobriété dans l’apparence, pas de chichis dans notre manière d’être, j’irais même jusqu’à dire que nous parlons d’une seule et même voix ! (sic) Plus sérieusement, je dirais que les années se font sentir tout de même, mais Claire a su prévenir cette course contre le temps en sachant s’adapter. Avec les années, elle a appris à prendre un rythme plus lent à l’antenne, soulageant ainsi sa belle voix tout en m’économisant quelques bonne dizaines de ligne de script chaque année. « Plus on la voit, moins on l’entend et mieux c’est », c’est le cri du cœur et d’encouragement que nous entendons chaque semaine dans les couloirs de la rédaction. Se ménager, c’est notre secret et puis n’oubliez pas une chose, c’est tout de même à moi qu’elle est fidèle depuis le plus longtemps et ça demande de l’entretien !

« Notre sérieux journalistique et notre rigueur dans les interviews ont fait leurs preuves »

EST-CE QUE VOUS NE CONSIDEREZ PAS CETTE RELATION VECUE A L’ANTENNE COMME EXHIBITIONNISTE ?

Je vois où vous voulez en venir mais je ne pense pas que cela soit le cas. Claire et moi, c’est professionnel avant tout. Oui tout se passe devant la caméra, rien n’est caché au téléspectateur mais je pense que notre sérieux journalistique et notre rigueur dans les interviews ont fait leurs preuves, dès lors je demande simplement qu’on nous laisse continuer cette relation, qui n’appartient qu’à nous deux dès lors qu’elle n’empiète pas sur l’information.

VOUS EVOQUIEZ VOS INTERVIEWS, ON SENT UNE ATMOSPHERE PARTICULIERE LORSQUE VOUS RECEVEZ DES INVITES EN PLATEAU, ON SE SOUVIENT NOTAMMENT DES PASSAGES MARQUANTS DE VANESSA PARADIS OU ENCORE DE MYLENE FARMER, POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DES COULISSES ?

Il n’y a pas de secrets, avant tout c’est la pugnacité qui doit l’emporter. L’info c’est l’info. Quand Claire aborde par exemple « l’album de la maturité » d’une des chanteuses que vous citez, elle n’y va pas par quatre chemins. Où ailleurs dans le PAF entendez-vous des questions de cette envergure ? Pas la peine de chercher, nulle part ! La force de notre duo, ce sont des questions cinglantes que tous les français se posent, dictées par une femme pugnace. Et grâce à ce cocktail explosif nous obtenons des réponses !

DESORMAIS VOUS AVEZ EGALEMENT A FAIRE AVEC SA REMPLACANTE, ANNE-CLAIRE COUDRAY, AVEZ-VOUS TOUT DE SUITE TROUVE LE RYTHME AVEC ELLE ?

Anne-Claire est douce à l’antenne mais en demande beaucoup en dehors. Lorsqu’elle est là, pendant les périodes de repos de Claire, sachez que ce n’est pas de tout repos pour moi. Elle croit tout savoir, pense avoir un avis sur le monde, l’actualité, la vie politique de ce pays, etc. Imaginez, elle tente même de hiérarchiser l’information. Bref, elle n’a tout simplement pas conscience que pendant qu’elle en était à empiler des cubes, avec Claire nous empilions déjà les succès !

« Claire ne cherche tout simplement pas à faire celle qui comprend »

VOUS NE SEMBLEZ PAS TENDRE AVEC ELLE, POURQUOI DANS CE CAS NE PASSEZ-VOUS PAS LE RELAIS A UN IPAD PAR EXEMPLE LORSQU’ELLE PRESENTE LES JOURNAUX ?

(D’un ton sec) Pourquoi parlez vous de ce machin électronique ? Souhaitez-vous vraiment que nous mettions un terme prématuré à cette interview ?

DU TOUT, RECENTRONS NOUS DONC SUR VOTRE ANIMOSITE VIS A VIS D’ANNE-CLAIRE COUDRAY ?

Je ne ressens aucune animosité à son égard sachez-le, je veux juste vous dire que Claire elle, est à l’écoute, elle apprend à mes côtés. L’actualité est parfois dense, très dense et Claire ne cherche tout simplement pas à faire celle qui comprend, elle essaye simplement d’être celle qui répète. Quand les rôles sont bien définis, tout va bien.

VOUS QUI TRAVAILLEZ D’ARRACHE PIED CHAQUE FIN DE SEMAINE, N’AVEZ-VOUS JAMAIS TENTE DE CONVAINCRE JEAN-PIERRE PERNAUT DE TRAVAILLER AVEC VOUS, HISTOIRE DE PROFITER ENFIN DE VOS WEEK-ENDS ?

C’est une question épineuse que vous soulevez ici. Je dois confesser que oui, j’ai eu cette tentation parfois. Ma femme et mes enfants m’ont souvent poussé vers cette option mais Claire a toujours su me convaincre. Vous savez, quand quelqu’un vous regarde droit dans le prompteur et parvient à trouver les mots pour vous dire que sans vous, elle n’est rien et serait comme muette à l’antenne, ça fait quelque chose tout de même. Et puis vous savez, Jean-Pierre n’est pas non plus facile à convaincre. La technologie l’effraie il faut le savoir. Pour l’anecdote, il est encore réticent à l’idée de prendre l’ascenseur à TF1.

UN DERNIER MOT AVANT DE RENDRE L’ANTENNE ?

Avec Claire c’est avant tout une belle histoire que nous menons et je crois qu’années après années j’ai encore plus envie de continuer à l’écrire pour elle et par elle et ce devant des millions de téléspectateurs.